Visions Latérales
Visions latérales…Le pluriel indique déjà qu’il y en a plusieurs, une de chaque côté, et qu’elles s’opposent à la vision frontale, l’emportant même sur celle-ci. On ne remarque pas ce qui est sur les côtés de notre champ de vision, c’est moins évident. Pourtant, la vision périphérique nous livre jusqu’à 100 images par seconde au lieu de 3 à 4 pour la vision fovéale. Elle permet donc la perception ultrarapide de mouvements, éventuellement de dangers. Ce qui est sur les côtés nous voit plus qu’on ne le voit, et nous révèle des choses bien plus enfouies, venant du subconscient, et qui sont sans doute plus importantes que ce qu’on voit, puisqu’elles attirent notre attention. C’est dans le déplacement que ces choses apparaissent sans relâche, et sans netteté, C’est là que la marche devient ma démarche artistique. L’appareil photo est l’instrument le plus à même de capter ces impressions importantes et dont il faut garder la spontanéité totale. Quitte à ne pas régler l’appareil pour garder l’exclusivité de l’instant. D’où les effets de bougé, de flou, dus à la vitesse, à l’impréparation. Et le numérique a permis de multiplier ces occasions, de décupler l’instantanéité sans laisser place au calcul qui me paraît contradictoire avec l’essence de la Photographie.
Peripheral visions… the plural already indicates that there are several kinds of peripheral vision, one on each side, and that they contrast with frontal vision and even supersede it. We do not notice things on the sides of our field of vision, as they are less evident. Nevertheless, lateral vision provides us with up to 100 images per second instead of three or four for central (foveal) vision. Peripheral vision thereby allows ultra-rapid perception of movement and potentially of danger. Things on the sides see us more than we see them. They reveal much more suppressed things coming from our subconscious, things that are probably more important than we think because they attract our attention. They appear to us through their movement, continuously and in a blurred manner. This is why walking is the basis of my artist statement. The camera is the instrument the best adapted to capture these important impressions, whose total spontaneity must be preserved, even if this means not adjusting camera settings in order to preserve the exclusive nature of the moment, thereby leading to effects of shaking and blurring due to speed and the absence of preparation. Digital photography has made it possible to multiply these occasions and increase their immediacy without calculations that I feel are in contradiction with the essence of Photography.