En TGV
En TGV
J’ai toujours cherché à appréhender le paysage par le biais de la lenteur, marche à pied ou vélo, de façon à être presque aussi immobile que l’objet de ma contemplation, ou par le biais de la proximité physique, en moto par exemple, qui rend vulnérable aux aléas de la nature et génère une perception du paysage par tous les sens, et non par le prisme maternant d’un pare-brise de voiture.
Mais le TGV bouleverse notre approche du paysage. Tour à tour avion en rase-mottes et taupe folle-furieuse, il nous donne une perception nouvelle de notre environnement. La grande vitesse au ras du sol crée le sentiment d’être dans le paysage, de s’y enfoncer comme un puissant hors-bord piquant dans une vague plus grosse que les autres. En même temps, elle fait saillir avec plus de relief l’immobilité de la campagne profonde, même si on la voit avec le flou de la vitesse. Elle génère un flux considérable d’images nouvelles tout en ravivant des souvenirs de paysages.
In the high speed train
Until recently I used to take my time considering the landscape, either travelling on foot or on bicycle. Doing so, I aimed at being almost as still as the landscape I was looking at.
But the high speed train (“TGV” or “train à grande vitesse”) revolutionarises our perception of landscapes. It is like being in a plane flying nearly at ground level and digging sometimes its way through the hills, or like a powerful motor boat diving its nose into the waves.
Speed makes landscapes sometimes blurred, though they look even more still than ever. It generates a tremendous amount of new pictures and in the same time regenerates souvenirs of other landscapes.
Daniel ANIZON